« To live with intensity and give a sense to our life, it requires engagements
that commit ourselves and not compromises which prevent us from
commitment ... »
On this page, I describe some of my points of view and personal opinions on different topics of actuality and
issues. In publishing them on this page, I expose them to critics and take the risk of seinng them being refuted
by some part of the public, that is you dear visitors. I strongly believe in freedom of speech and critical minds.
So here I stand with these personal opinions , which commit only myself and nobody else. I hope these
reflexions will invite you to your own reflexion and to dialogue. Please feel free to react to them and to
express yourself by sending me your comments and reactions on the web page “To contact me”.
Obviously, this page is dynamic in nature and my points of view are likely to evolve over time dealing with
various topics. As the old saying tells us, only the fools never change their mind...
Please note that the translation process is underway and not completed.
Have a good reading !
Une opinion masculine sur la charte des valeurs québécoises
J’ai suivi avec grand intérêt le débat qui entoure la proposition d’une charte de laïcité de la fonction publique
au Québec. Or je suis surpris de constater que très peu d’hommes se sont exprimés sur la question. Comme si
cette charte ne visait que les femmes au Québec. Bien sûr, le cas le plus visible véhiculé dans les médias
concerne le port du voile par des femmes musulmanes et du coup a amené le débat principalement sur le
principe d’égalité entre les hommes et les femmes, ce qui est important en soi j’en conviens. Mais la
proposition de la charte peut et doit être analysée d’un point de vue plus global. Aussi, j’aimerais ici donner
mon humble point de vue.
D’entrée de jeu je considère ce débat comme un grand exercice démocratique. Je salue tous les citoyennes et
citoyens du Québec qui se sont exprimés publiquement sur la question et je les félicite pour la qualité et la
diversité des avis exprimés. Je félicite également le gouvernement actuel pour son courage d’avoir agi dans ce
dossier explosif d’un point de vue politique et de vouloir munir enfin l’appareil gouvernemental de balises
reflétant les valeurs fondamentales de notre identité collective. Car il s’agit bien d’un débat élargi sur notre
identité et sur le Québec de demain que nous désirons léguer à nos enfants. Mais le débat actuel a pris une
ampleur qui va bien au-delà de la proposition actuelle d’une charte visant à affirmer notre laïcité dans la
fonction publique et à mon avis, il subsiste encore beaucoup de confusion au sein de la population. Par
exemple, toutes les discussions mettant en opposition l’oppression des femmes symbolisée par le port d’un
voile et l’exploitation de la femme dans notre monde occidental par le marché du sexe ou les concours de
beauté sont en soi intéressantes, mais elles s’éloignent considérablement des enjeux réels de la charte des
valeurs proposée par le gouvernement.
En effet, il faut considérer deux cas distincts. Le premier cas concerne la vie personnelle des Québécois. Dans
ce cas, la charte ne veut en aucune manière restreindre ou diminuer les droits et la liberté des individus. Les
Québécois en tant que citoyens d’une démocratie moderne ont le devoir de tolérance et de respect des opinions
d’autrui. Il nous importe peu de savoir au Québec que notre voisin est de telle ou telle confession, de quelle
origine il provient et comment il mène sa vie personnelle, dans la mesure où il respecte le droit d’autrui et les
lois de notre société. Chacun peut donc vivre sa vie personnelle comme il l’entend. En même temps, le citoyen
d’une société démocratique saine est conscient de ses droits, mais aussi de ses devoirs envers la collectivité.
Par exemple, il nous est interdit de diffamer, de promouvoir des propos haineux, d’afficher des comportements
racistes ou de harcèlement, etc. La liste est longue. Donc nous sommes (ou devrions l’être) tous conscients que
notre liberté individuelle comporte des limites et que nos droits de citoyens nous obligent à accepter en tant
qu’individu des balises pour le bien-être et la dignité de tout un chacun.
Le deuxième cas concerne les employés de la fonction publique et leur comportement dans l’exécution de leur
travail au sein de l’appareil gouvernemental. La proposition de charte touche essentiellement et exclusivement
cette situation. En quoi est-elle particulière? Elle l’est pour plusieurs raisons. D’abord, l’état se doit de refléter
et de défendre les valeurs identitaires de notre collectivité. Sans risquer de me tromper, je suppose que la
grande majorité des Québécois sont en faveur de la démocratie, de la laïcité de notre état ou bien de valeurs
fondamentales comme le droit de parole, l’égalité entre les hommes et les femmes, la protection de nos jeunes
et de nos aînés, le droit à l’éducation ou le droit à des services de santé, etc. De ce fait, le débat actuel porte
davantage sur la manière d’exprimer cette laïcité au sein de la fonction publique que sur le fond. Pourtant, il
existe déjà des mesures et des lois qui affirment d’une certaine manière cette neutralité confessionnelle. Par
exemple, il est interdit au gouvernement de demander la confession d’un citoyen dans des formulaires
nominatifs, ou bien à un employeur de demander ou d’utiliser une information sur la confession d’un individu
dans un processus de recrutement ou dans les relations de travail avec ses employés, etc. Pour moi, la
proposition d’une charte des valeurs n’est qu’une brique de plus visant à construite un État laïque et neutre
afin de respecter la confession individuelle et les valeurs de chacun.
Il est surprenant de constater que personne ne semble se soucier du fait que les employés de l’état (exception
faite des élus bien évidememnt) ne peuvent afficher leur affiliation politique dans l’exercice de leur fonction.
Cela nous semble naturel à tous. En tant que contribuable, il est normal que je reçoive les services de l’état
auquel j’ai droit sans avoir à subir en même temps une publicité politique partisane que m’imposerait de façon
insinue un employé de la fonction publique. Un employé de la SAAQ, un médecin ou un enseignant n’a pas à
profiter des infrastructures gouvernementales et de son poste au sein de l’état pour faire de la propagande
politique auprès de ses clients.
Or je considère que c’est la même chose en ce qui concerne la confession religieuse. Un individu qui représente
notre gouvernement, qui est employé par l’état et qui est payé par nos taxes, a le devoir d’afficher une stricte
neutralité confessionnelle dans le respect de la confession individuelle des clients qu’il dessert. Si les
convictions religieuses d’une personne sont plus importantes à ses yeux que la laïcité de la fonction publique,
elle peut alors décider sans difficulté de travailler dans le secteur privé ou d’aller vivre dans un pays
théocratique correspondant à sa confession religieuse. C’est un choix personnel que chaque individu qui accepte
un poste de l’état québécois devrait assumer. Ce qui est plus grave et plus triste cependant, c’est que tout
employé de la fonction publique qui refuserait de se soumettre à cette neutralité dans l’exercice de ses
fonctions au sein du gouvernement nous affirme du même coup qu’il refuse d’adhérer à nos valeurs
fondamentales collectives de démocratie et de la laïcité de l’État. Aussi, en tant que citoyen et contribuable, je
désire être servi par un fonctionnaire qui ne m’affiche pas ses vues confessionnelles ou politiques. Je n’ai pas
du tout envie de savoir de quelle confession religieuse il provient ou dans quel parti politique il milite. Ce qui
m’intéresse, c’est qu’il fasse son travail avec compétence, professionnalisme et courtoisie.
Je suis donc pour la charte proposée par le gouvernement. Est-ce que le projet de loi sera parfait dans sa
première version? Certainement pas. Est-ce que le gouvernement aurait pu aborder le dossier différemment afin
d’éviter certains dérapages? Sans doute. Est-ce que ce projet de loi, à l’instar de la loi 101, sera contesté par
certains individus qui se sentent lésés, ou par des organismes, voire différents paliers de notre système
judiciaires? Probablement. Est-ce que ce projet de loi a contribué à une polarisation partisane des Québécois
(Libéraux contre, PQ pour). Hélas oui. Est-ce que le gouvernement devrait afficher plus de cohérence vers une
politique globale de la laïcité de l’État? Assurément, en commençant par déposer le crucifix de l’Assemblée
nationale dans un musée et en cessant de financer avec des fonds publics des écoles ou des hôpitaux
confessionnels. Mais toutes ces raisons ne sont pas suffisantes pour justifier l’inaction et pour diminuer la
valeur intrinsèque d’un tel projet de charte. Je considère que c’est un devoir de notre gouvernement de
s’assurer que tous les services offerts à sa population affichent une stricte neutralité politique ET
confessionnelle.
Finalement, l’adoption d’une telle charte aura selon moi un effet positif également sur la protection de notre
identité et de nos valeurs collectives afin d’éviter le marasme du multiculturalisme et la ghettoïsation. Le
respect des droits et libertés individuelles n’implique pas une absence d’affirmation de nos valeurs et de notre
identité collectives. Les balises contenues dans le projet de charte permettront à ceux qui désirent immigrer au
Québec de mieux connaître les valeurs collectives du peuple québécois et ainsi de prendre une décision mieux
éclairée avant de venir vivre ici, car changer de pays et changer de vie constitue l’une des décisions les plus
importantes dans la vie d’un individu ou d’une famille. Décider d’immigrer implique d’accepter les valeurs et
les coutumes de la collectivité du pays d’adoption tout en désirant contribuer à son développement culturel,
spirituel et économique.
« Le monde est dangereux à vivre non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et
laissent faire. »
Albert Einstein
La démocratie
Voilà un sujet qui m’intéresse énormément. Inspiré dans une certaine mesure par l’ouvrage devenu classique de
Tocqueville (1), je crois fermement à l’implication du public dans les affaires de l’État et dans le
développement de notre société. Tout citoyen doit aspirer à développer ses responsabilités, à user de son droit
de parole et de son sens critique afin d’exprimer ses opinions et à défendre ses idées dans le respect des autres
pour le mieux-être de la collectivité. Malheureusement, nous vivons dans une société où nos structures
politiques et décisionnelles sont loin de constituer une démocratie idéale. D’une part, les citoyens ne peuvent
exercer leur droit d’expression qu’une fois tous les quatre ans sous forme d’un simple bulletin de vote. De plus,
en tant que citoyens, nous sommes pratiquement obligés de voter “pour un parti” et accepter en bloc
l’ensemble d’un programme politique. Le gouvernement élu est formé d’un parti “majoritaire” selon certaines
règles et de l’autre côté, on retrouve l’opposition. Les projets de loi sont habituellement proposés par le
gouvernement et critiqués par l’opposition. Ces deux groupes sont statiques et ne changent pas durant 4 ans.
Le parti élu au pouvoir devient à la fois responsable du législatif comme de l’exécutif. Au Canada et au Québec,
le système électoral est basé sur un tour unique (on ne vote qu’une fois), malgré la présence de partis
politiques de plus en plus nombreux. Ce qui entraîne fatalement que la plupart de temps, on se retrouve avec
un parti au pouvoir qui a obtenu moins que 50% des votes de la population. Récemment, les dernières élections
fédérales au Canada ont clairement démontré à quel point le système est devenu antidémocratique. En effet, il
est maintenant possible d’élire à la Chambre des communes un gouvernement majoritaire sans le Québec, la 2e
province en importance de la confédération. C’est une simple question de chiffres, et le raz de marée anti-
conservateur au Québec lors des élections fédérales de 2010 l’a clairement démontré, puisque le parti
conservateur a quand même formé un gouvernement majoritaire avec environ seulement 30% des voix
exprimées. Je trouve cela ahurissant que la population ferme les yeux et que personne ne semble s’interroger
sur les failles de ce système. Je ne suis pas expert en droit constitutionnel et je suis sans doute utopique, mais
j’aimerais proposer ici un système entièrement différent qui selon moi nous offrirait une véritable démocratie.
En voici grossièrement les grandes lignes:
1) Séparation de l’exécutif et du législatif: les ministres gèrent des ministères et s’assurent que les lois et
programmes votés soient appliqués dans leur sphère de compétence. À ce titre, je considère que les ministres
ne doivent pas être élus, mais bien sélectionnés et embauchés selon leurs compétences, sélectionnés d’abord
par un comité de citoyens experts choisis au hasard (tirage au sort) afin d’éviter le favoritisme et nommer
ensuite par les membres de l’Assemblée nationale, guidée par les recommandations des comités experts
respectifs.
2) Mise en candidatures des représentants à l’Assemblée nationale (législatif): Abolition des partis politiques.
Tout citoyen peut soumettre sa candidature pour représenter son comté à l’Assemblée nationale. Un comité de
citoyens, choisi au hasard dans le conté, effectue une présélection pour valider les candidatures en termes de
compétences minimales requises et limiter le nombre de candidatures. Les candidatures sont ensuite validées
par le Bureau du directeur général des élections. Chaque citoyen obtient une tribune publique (soirées
municipales, sous-sols d’église, etc.) pour faire sa campagne individuelle.
3) Élection à tours multiples: les élections dans chaque comté impliquent plusieurs tours jusqu’à ce qu’un
candidat obtienne plus de 50% des voix. Après chaque tour, les candidatures ayant reçu le plus petit nombre de
votes sont éliminées. Par exemple, on pourrait conserver seulement 3 candidats au 2e tour et 2 candidats au 3e
tour.
4) Participation des citoyens au législatif par des référendums: Un peu à l’instar de la Suisse, profiter des
élections pour soumettre à la population une série de questions référendaires portant sur divers projets de loi
en litige ou qui ne font pas consensus à l’Assemblée nationale.
5) Fonctionnement de l’Assemblée nationale sans partis politiques: L’Assemblée nationale aura deux rôles
essentiellement: 1) l’élaboration de lois et de programmes gouvernementaux et 2) la nomination et la
supervision de l’exécutif (les ministères) qui doivent faire rapport à l’Assemblée. Puisqu’il n’y a plus de parti,
chaque projet de loi est soumis par un citoyen membre de l’Assemblée. Pour chaque projet proposé, un
processus d’évaluation du projet est effectué par un comité qui soumet ses recommandations à l’Assemblée.
Sans allégeance politique envers un parti, chaque membre de l’Assemblée peut voter librement selon la qualité
du projet et selon ses valeurs et sa conscience. L’Opposition à un projet de loi particulier sera donc forcément
différente d’un projet soumis à l’autre et sera dynamique. Il en est de même pour le “gouvernement”, i.e. la
partie des membres de l’Assemblée qui sont en faveur du projet. Cette façon de faire permet de s’assurer que
chaque projet de loi soit voté véritablement dans l’intérêt de la population et non pas dans l’intérêt d’un parti
politique. On pourrait établir un barème, par exemple 65% des membres de l’Assemblée doivent se prononcer
en faveur pour qu’une loi soit acceptée. Sinon, une loi qui divise les membres entre 50 % et 65% pourrait être
soumise à un référendum populaire, par exemple, lors des prochaines élections des membres de l’Assemblée ou
d’élections municipales.
Ce système grossièrement décrit ici me semble plus démocratique, car il permet une plus grande participation
du citoyen aux affaires de l’État. De plus, les citoyens peuvent voter pour un représentant à l’Assemblée
nationale en fonction de ses compétences et de sa personnalité, et non pas en fonction d’une allégeance à un
parti politique, comme ce fut le cas au Québec avec le NPD lors des élections fédérales de 2010. Par ailleurs, le
système assure que chaque membre élu à l’Assemblée a obtenu une majorité du suffrage (plus de 50% des voix).
De par une constitution réformée, chaque citoyen serait tenu de fournir son ou ses domaines d’expertise au
Bureau du directeur général des élections et de participer aux comités lorsque convoqué. Les comités de
citoyens experts sont alors formés avec des personnes choisies au hasard par ce même Bureau. De plus ce
système est dynamique, car l’Opposition varie en fonction des projets de loi proposés, et permet à l’Assemblée
nationale une plus grande souplesse et une plus grande efficacité dans son travail. Bien sûr, on me répondra
qu’un tel système est plus coûteux (élections à tours multiples, référendums, etc.), mais je crois que la
démocratie et la société y gagneraient largement au change. Ce système serait un investissement qui
permettrait également de réduire les chances de corruption et de collusion systématique et organisée. Par
exemple, le Bureau du vérificateur général pourrait également avoir le mandat de vérifier les antécédents des
membres élus à l’Assemblée et de s’assurer de leur intégrité face aux attaques des lobbyistes, qui existeront
toujours.
La religion
Voilà un sujet très délicat. D’entrée de jeu, je peux dire que je respecte le droit de chacun à pratiquer sa
religion (ou absence de religion) dans sa vie personnelle, mais en même temps je préconise la laïcité dans les
affaires publiques et la séparation de l’état et de la religion. Je suis contre toute forme de théocratie, qui va à
l’encontre de la démocratie et des droits et libertés individuelles. Je suis né dans une région du monde (le
Québec) où la religion catholique était jusqu’à récemment (1960) prédominante. Pendant plusieurs siècles, la
religion et la politique étaient entremêlées en Europe comme en Amérique. L’état et la religion exerçaient
mutuellement et conjointement leur influence. Église et royauté... Même ici il n’y a pas si longtemps, avant
notre “révolution tranquille”, les archevêques et les ministres se côtoyèrent et décidèrent ensemble du sort des
gens. Pendant des millénaires, tout au long de l’histoire de l’humanité, des populations entières ont été
dominées, manipulées et massacrées au nom de diverses religions. Par soif de pouvoir, les gens qui représentent
ces religions ont toujours désiré se trouver proche ou à l’intérieur du pouvoir politique. Et hélas, c’est loin
d’être terminé. Les théocraties foisonnent toujours dans le monde.
Dans le Québec d’autrefois, comme d’ailleurs dans le reste des Amériques, il fallait développer les colonies.
Suivant une politique d’expansion de la chrétienté, les colons venus d’Europe, même s’ils crevaient de faim,
étaient poussés par l’Église à fonder de grosses familles avec de nombreux enfants afin de peupler ces colonies
et ainsi annihiler le développement de la culture “païenne”. La vie des gens à l’époque a toujours été régulée
strictement par l’Église : les médias, l’éducation des enfants, le travail, la culture, l’économie, la vie sexuelle,
les relations hommes et femmes, etc. Les gens devaient se rendre à l’Église chaque matin, la prière tous les
jours, avant les repas, le jeûne du carême, les fêtes religieuses, tout ça. Bref, la religion régissait en grande
partie la vie des gens. Au début des années 1960 au Québec, il y a eu une sorte de révolution pacifique qui a
abouti à une grande séparation de l’État et de l’Église et à un déclin important de la pratique religieuse dans la
population. Ce fut la Révolution tranquille. En l’espace de 10 ans, le nombre de pratiquants au Québec est
passé de 95% en 1957 à environ 5% en 1967. Du coup, les églises sont vides aujourd’hui. Ce fut un peu notre
révolution française, mais sans la violence et les bains de sang. Donc, je suis né dans ce contexte. Mes parents,
qui étaient de l’ancienne génération, étaient forcément très religieux (et le sont encore). Puisque j’ai grandi
dans de nombreuses écoles laïques, mes opinions finirent par diverger d’avec les croyances de mes parents. En
ce qui me concerne, je n’ai plus depuis mon enfance pratiqué aucune religion. Je tente de conserver une grande
liberté de penser et mon droit de critiquer toute doctrine qui se présente à moi. Le prix à payer pour cette
liberté, c’est d’une part une sorte de solitude, puisque je n’adhère pas à un “groupe” et d’autre part
l’acceptation de l’ignorance, c’est-à-dire être condamné au questionnement, au doute et et la réflexion
perpétuelle.
Bien sûr, comme tout le monde, je me pose les mêmes questions fondamentales sur la vie, sur la mort, sur notre
univers, etc. Mais j’essaie de ne pas me construire de réponses toutes faites a priori. Je préfère la philosophie
aux religions, car à mon sens la philosophie se rapproche de la méthode scientifique, de par son sens critique
sur les réponses possibles et de par le fait qu’elle propose différents modèles de pensée. La méthode
scientifique est une approche rationnelle qui nous permet d’acquérir et de valider de nouvelles connaissances
pour satisfaire notre quête humaine de la vérité sur le monde qui nous entoure et sur nous-mêmes. Or quelqu’un
qui croît détenir la vérité absolue ne la cherche plus et partant, cesse de développer un esprit critique et limite
sa quête de nouvelles connaissances à un cadre compatible avec sa vérité absolue. On s’en remet à un dieu et à
une doctrine pour tout expliquer ce qui nous échappe. Bien sûr la méthode scientifique et la philosophie
n’expliquent pas tout loin de là. Mais à mon avis, c’est la seule méthode valable et rigoureuse dans la quête de
nouvelles connaissances sur le monde qui nous entoure et sur l’humain.
Il est clair que la religion répond à un besoin fondamental de l’être humain, c’est une construction qui permet
de faire face à la terreur de l’inconnu, faire face aux dangers et aux épreuves de la vie, de la mort, de ce qui
leur est impossible d’expliquer. L’Homme déteste vivre sans réponse. Si on regarde dans le monde et son
histoire les pays où la religion est ou fut très dominante, i.e. là où la majorité des gens pratiquent massivement
une religion unique, peu importe laquelle, on peut se demander quels sont les facteurs importants qui
caractérisent ces régions : Pauvreté ? Absence de démocratie ? Impuissance de la population pour améliorer leur
sort ? Absence d’avenir pour les jeunes ? Absence d’éducation? Il est clair que la crédulité des gens est plus
facile à exploiter dans le désarroi et l’ignorance. Mais attention, à mon humble avis, il ne faut pas confondre
spiritualité qui est une réflexion introspective personnelle et la religion qui est une doctrine collective
organisée, hiérarchisée et codée. Je crois qu’il s’agit de deux choses différentes.
La religion permet ainsi à différents gouvernements de mieux « contrôler » les populations, dans le sens
d’inculquer un code de conduite qui évite l’anarchie. L’Homme d’aujourd’hui étant ce qu’il est, sans règles ni
loi, on se retrouve avec une société anarchique, comme décrit dans la philosophie de Nietzche par exemple.
Selon moi, il y a deux principales façons d’inculquer un code de conduite collectif: par des lois émanant d’un
gouvernement ou par des règles dictées par une religion auprès d’une population croyante.
Ainsi, la plupart des religions ont un code de valeurs qui, par exemple, nous interdit de tuer son prochain ou
nous oblige à demeurer fidèle à son mari, ou bien nous exige d’être responsables dans l’éducation de ses
enfants. Certaines religions vont même dans les détails de la vie quotidienne, par exemple, interdire certaines
boissons comme l’alcool ou certains aliments comme le porc, manger du poisson le vendredi, faire des prières à
certaines heures du jour ou de la nuit, etc. Pour moi tout ça n’a rien à voir avec Dieu, s’il existe. En fait, si
l’alcool est interdit, c’est davantage pour s’assurer que les gens se comportent toujours de façon civilisée et
non pour des raisons théologiques. Donc, on peut très bien enseigner des valeurs et des codes de conduites
sociales sans considérations théologiques et sans crainte de la perte du paradis ou la crainte d’un Dieu tout
puissant qui nous punirait. L’interdiction religieuse est selon moi une solution facile à implanter pour éviter
l’anarchie, mais ça n’incite pas les gens à se responsabiliser et à devenir civilisés de façon autonome et par
eux-mêmes. Adopter une religion est à mes yeux en tant qu’individu une forme d’abdication de sa liberté de
penser et de sons sens critique. Car penser est dangereux. Et pour beaucoup, ce danger fait peur. Ma vision va à
cet égard dans le sens de celle d’Erich Fromm (2).
De plus, une religion étatique ou un régime théocratique constituent à mon avis un cul-de-sac du point de vue de
l’évolution d’une société. Puisqu’une religion détient la vérité absolue, elle ne peut pas être critiquée, donc pas
besoin de réfléchir, pas besoin de changer ou de faire évoluer les choses, pas besoin d’opposition au sein du
gouvernement. On n’a qu’à appliquer les lois divines et il faut les suivre sans questionner, sous peine d’une
damnation éternelle. C’est comme ça, et pas autrement....
Si nous vivions dans un monde parfait (utopie), nous n’aurions pas besoin d’un gouvernement au sens législatif
ou de religions au sens moral (voir l’ouvrage de Tocqueville) pour nous assurer de la bonne conduite des gens.
Car les gens seraient idéalement tous responsables. Personne ne conduirait sa voiture en état d’ébriété.
Personne ne volerait ce qui ne lui appartient pas ou personne ne tuerait quelqu’un. Il n’y aurait pas de crime. Il
n’y aurait pas de guerres. Tous les parents seraient responsables de leurs enfants et de leur éducation pour en
faire des adultes responsables, libres penseurs critiques et autonomes. Hélas, nous sommes loin de vivre dans
un tel monde. Dans quelques millénaires, peut-être aurons-nous, dans un monde encore utopique, la sagesse
pour le faire, si nous ne nous détruisons pas avant.
À savoir si Dieu existe, je ne sais pas. Je suis sans doute athée, car je crois que l’homme a construit Dieu à son
image. Depuis le début de l’histoire de l’Homme, la religion existe sous différentes formes. Même à l’époque
néolithique il y a plus de 40, 000 ans, non seulement l’Homo Sapiens de l’époque, mais aussi le Neandertal
avaient des rites religieux. Par exemple ils enterraient leurs morts. Aujourd’hui, la plupart des religions sont
monothéistes. Cela n’a pas toujours été le cas, comme dans l’antiquité en particulier. Les dieux égyptiens ont
été adorés beaucoup plus longtemps que n’importe lequel de nos dieux contemporains, pendant plus de 3000
ans. Cela ne les a pas empêchés de disparaître aux yeux des hommes d’aujourd’hui. Autres temps, autres
mœurs, autres religions.
Malheureusement, aujourd’hui comme avant, il y a encore trop de gens qui désirent tuer et détruire au nom de
Dieu, qui préconisent la guerre contre des « infidèles » ou qui aliènent les gens au nom d’une vérité absolue
qu’ils sont les seuls à détenir. Il existe encore des religions qui interdisent une personne de se marier avec une
autre personne provenant d’une autre religion, des religions qui préconisent l’inégalité entre les sexes, entre
les races ou entre les gens de religions différentes. Si on regarde l’histoire de l’Humanité, les civilisations qui
se sont succédé au fil des millénaires sont toutes marquées par un nombre incalculable de guerres , de
massacres et d’abominations faites au nom de dieux différents. À l’instar de la vision de James Burnham (3), un
des seuls moteurs véritables dans la fabrique de l’Histoire semble être la lutte du pouvoir. La plupart des
changements historiques importants se sont résumés au remplacement d’une classe dirigeante par une autre.
Très souvent, ces classes dirigeantes ont pris la forme d’institutions religieuses. L’humanité est-elle condamnée
à ce cyle infernal ? Il semble que nous soyons incapables de n’en tirer aucune leçon. Dans ce contexte, je ne
peux pas m’associer à aucun systèmes religieux, quel qu’il soit. Nous nous sommes battus trop longtemps
collectivement pour gagner et défendre chèrement notre liberté de penser et notre sens critique, garant du
progrès d’une société et du respect d’autrui.
(1) Alexis de Tocqueville, “De la démocratie en Amérique”, Flammarion.
(2) Erich Fromm, “La peur de la liberté”, Buchet/Chastel, Paris, 1963 Cliquez ici pour lire quelques extraits
(3) James Burnham, The Manegerial Revolution, 1940.